A Hennebont, l’hôtel de ville est le fruit de la réunion de trois hôtels particuliers bâtis du XVIIIe siècle, l’hôtel Feron, l’hôtel de Bellechère et l’hôtel Le Gouvello. Ces trois immeubles se dressent sur la place Foch. Emplacement historique du marché, cette place est devenue centrale au début du XVIIe siècle quand la chapelle Notre-Dame-de-Paradis a pris la fonction d’église paroissiale. Les familles d’importance quittent la vieille et insalubre Ville-Close pour un espace plus vaste sur lequel elles font édifier leurs hôtels particuliers.
Sous l’Ancien Régime, la Communauté de Ville se réunit dans une salle à l’étage de la Cohue en Ville-Close.
En 1835, la municipalité s’installe sur la place du Marché – la future place Foch – dans la « maison Ponsard ». Elle y siège jusqu’au début du XXe siècle. Cette maison existe toujours au n° 7 de la place.
En 1837, la Ville achète la maison de l’abbé Vidélo sur la place Foch. Cet hôtel particulier du XVIIIe siècle est l’ancienne propriété du chirurgien François Feron. Celui-ci occupera d’ailleurs un temps la fonction de maire pendant la Révolution.
Récupéré par l’abbé Vidélo, il devient le presbytère de fait. Il est racheté par la ville en 1837 pour en faire définitivement une « maison presbytérale ».
En 1905, suite à la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat, la ville propose au clergé qui l’habite de payer un loyer L’abbé Le Moing refuse la location. Il quitte alors l’hôtel Feron pour l’hôtel de Pluvié, rue Nationale.
Jugeant la « maison Ponsard » trop exiguë et disposant de l’ancien presbytère, l’hôtel Feron, la municipalité fait le choix d’y installer la mairie. Le transfert a lieu le 5 novembre 1904. Dès 1911, d’importants travaux y sont entrepris. Le personnel communal est logé dans ses mansardes et sa conciergerie.
Le 25 novembre 1954, la ville fait acquisition de l’hôtel de Bellechère. Cet immeuble tient son nom d’une famille, les Allanic de Bellechère, originaire de Noyal-Pontivy (56). C’est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qu’elle vient s’installer à Hennebont. Et c’est sans doute à ce moment que l’hôtel particulier est édifié.
Entre 1837 et 1844, Nicolas Allanic de Bellechère exerce d’ailleurs deux mandats en tant que maire d’Hennebont.
Suite au décès de ce dernier, des complications liées à l’héritage le font passer de main en main. Il est occupé au début du XXe siècle par la famille Debicky.
Suite à l’acquisition par la ville en 1954 d’importants travaux sont engagés notamment par les architectes Millot et Fratani. Ils restaurent la façade en supprimant la vitrine de la pâtisserie qui occupait le salon d’honneur. L’immeuble est aussi agrandi en profondeur sur l’arrière-cours.
La façade de l’hôtel est remarquable d’équilibre notamment du fait de l’alignement en travée des fenêtres depuis le rez-de-chaussée. Comme il était l’usage, l’enduit de façade laisse apparaitre les montants en pierre de taille des portes et fenêtres. A l’image des autres hôtels particuliers de la ville datant de cette période, la séparation du rez-de-chaussée sur cave et du premier étage est marquée par une ligne de pierres formant larmier. On y remarque près de l’entrée principale un cadran solaire en ardoise.
La porte cochère, aujourd’hui entrée principale de l’hôtel de ville, était commune avec l’hôtel Feron. A l’ouest de la façade, le perron et ses sept degrés disposés en pyramide accentue l’effet imposant de l’entrée et marque par-là l’importance que veut se donner le propriétaire.
Les traces du XVIIIe siècle sont encore présentes notamment avec le bel escalier en ferronnerie et son décor tout en courbe et en volute.
Les garde-corps des fenêtres du premier étage rappellent aussi cette période.
Près du vestibule, se trouve le salon de la Chasse. Les peintures au-dessus des portes montrent des scènes de chasse et des natures mortes au gibier directement inspirées des gravures d’Alexandre Desportes ou de Jean-Baptiste Oudry.
L’autre partie de la pièce actuelle, le salon des Amours, présente des scènes galantes liées à la mythologie comme celle au-dessus de la glace de la cheminée montrant Bacchus changé en grappe de raisin pour séduire Erigone. Il devait exister d’autres peintures au-dessus des glaces mais elles ont aujourd’hui disparu.