Hennebont au fil du sacré

Comme dans de nombreuses cités historiques, l’emprise du sacré est forte sur le territoire d’Hennebont. Églises, chapelles, abbayes, couvents, calvaires et fontaines témoignent de cette présence.

C’est au VIe siècle, avec le Gallois Gunthiern, que s’ouvre l’histoire chrétienne à Hennebont. La grotte qui lui aurait servi d’ermitage existe toujours. Non loin de là, au XIIe siècle, une chapelle lui est ensuite dédiée. C’est à cette même époque qu’est construite la nef romane de l’église de Saint-Gilles-des-Champs. A la fin du XIIIe siècle, alors que le duc de Bretagne fortifie la ville, sa femme, Blanche de Navarre, fonde l’abbaye Notre-Dame-de-Joye.

Ce sont des moniales cisterciennes qui s’y installent donnant naissance à un pouvoir spirituel et féodal. Dans la Ville-Close, à l’emplacement de l’actuel lycée Notre-Dame-du-Vœu, le duc Jean IV fonde un couvent de Carmes fin XIVe siècle.

L’église paroissiale primitive dédiée à saint Gilles, construite à l’extérieur de l’enceinte, est détruite en 1590. Cette même année, la Paroisse est transférée dans une vaste chapelle gothique construite en 1514 : Notre-Dame-de-Paradis. Malgré sa tour-clocher et ses vastes verrières, elle reste pour partie inachevée dans son décor. Au XVIIe siècle, les Ursulines, chargées de l’éducation des jeunes filles, installent leur couvent rive droite. Les Capucins, quant à eux, s’établissent sur le Mont-Délices.

Fin du XVIIIe siècle, l’église Saint-Caradec est reconstruite. Puis, à la charnière du XIXe et du XXe siècle, on y ajoute un chœur, un transept et une voûte de brique et plâtre. Non loin de là, la “fontaine des  mariés”, comme on la surnomme, porte la date de 1732.

Avec la Révolution, Capucins et Ursulines sont chassés. à l’abbaye, l’église est détruite. Le gisant de la duchesse, dans le chœur depuis le XIVe siècle, est vendu. Les bâtiments de l’abbaye disparaissent peu à peu au cours du XIXe siècle. Aujourd’hui ne restent que le logis abbatial et la maison des confesseurs, tous deux du XVIIe siècle. Notre-Dame-de-Paradis voit, au cours du XIXe siècle, son achèvement avec pinacles et balustres et, à l’intérieur, la pose d’une voûte de plâtre. Du mobilier néogothique y est installé. En 1818, une nouvelle statue de Notre-Dame-du-Vœu remplace l’originale fondue en 1792.

Classée monument historique en 1862, Notre-Dame-de-Paradis est honorée du titre de basilique en 1914. Au cours de la seconde Guerre mondiale, elle évite la destruction mais ses vitraux sont soufflés  par une bombe. Ils sont remplacés de 1951 à 1965 par le grand maître-verrier Max Ingrand. Enfin, en  2014, pour ses 500 ans, Notre-Dame-de-Paradis voit sa tour-clocher restaurée dans ses parties hautes.

Tour à tour simple chapelle, église paroissiale, halle commerciale et salle des fêtes, ce noble édifice n’a été élevé au rang de basilique mineure qu’en 1913.

Lorsqu’en septembre 1514, les Hennebontais manifestent le désir de doter leur ville d’une chapelle dédiée à Notre Dame, ils sont loin de se douter de sa postérité. En ce début du XVIe siècle, il existe déjà une église à Hennebont. Dédiée à Saint Gilles, on lui adjoint le nom de Trémoëc afin de la différencier de l’église Saint-Gilles-des-Champs. Elle se situe près de la Ville-Close mais curieusement hors-les-murs.

Ce projet d’établir une chapelle et de la placer sous protection de Notre Dame illustre l’importante renommée du culte marial en Bretagne en cette fin du Moyen Âge. La paroisse de Hennebont, entité de base de la vie religieuse et aussi sociale, est sous la dépendance de l’abbesse de la puissante et voisine abbaye Notre-Dame-de-Joye. C’est donc elle qui a haute main sur ce chantier.

Cependant la conduite de ce projet souhaité par les Hennebontais est confiée à l’un des leurs dénommé François Michard. On sait peu de choses de ce personnage si ce n’est qu’il est présenté comme « fevbre », c’est-à-dire forgeron. Il a charge de recueillir les dons et offrandes et de gérer les finances pour permettre au chantier d’avancer. Ce qui ne se fait pas sans heurts, l’abbesse ayant même été soupçonnée de malversations qui causent de fortes tensions avec la communauté des Hennebontais.

Si l’on ne connait pas l’identité du maître d’œuvre qui réalise la chapelle, les recherches récentes ont montré l’influence qu’a pu avoir sur le chantier d’Hennebont un autre édifice majeur de l’architecture religieuse morbihannaise, Notre-Dame-de-Quelven en Guern, édifié à la fin du XVe siècle. Consacrée en 1524, la chapelle Notre-Dame-de-Paradis est pratiquement achevée vers 1554.

Une imposante tour-clocher

Le témoignage de l’audace architecturale qui préside à la construction de Notre-Dame-de-Paradis, est sans conteste l’imposante tour-clocher. Haute de près de 65 mètres, sa situation sur un des points hauts de la Ville en fait un véritable amer terrestre. D’ailleurs, lorsque l’on venait en pèlerinage de l’Ouest, le premier point qui permettait de l’apercevoir a été baptisé à cause de cela « Montagne du Salut ». Dès qu’ils la voyaient pour la première fois, les pèlerins se voyaient déjà sauvés.

A l’image de sa « grande sœur », Notre-Dame-de-Quelven, la tour se divise en trois parties. La base qui s’ouvre par un vaste porche dont l’élévation est rendue encore plus vertigineuse par le décor sculpté qui l’orne. Les contreforts massifs sont allégés par la présence de niches – qui ont peut-être accueilli des statues – et de petites sculptures végétales ; au niveau de la première galerie. A partir de la première balustrade, voici le tambour qui est renferme la chambre du sonneur, unique pièce de l’édifice dotée d’une cheminée, et du beffroi avec les cloches. Et enfin, toute de dentelle, la flèche elle-même qui connaitra de nombreuses reprises et restaurations. Accolées à la tour-clocher, les deux tourelles d’escaliers – dont l’un n’existe plus – permettent l’accès aux parties hautes et d’alléger encore visuellement la masse du clocher. La couleur particulière du granit tiré des anciennes carrières de Locoyarne donne au clocher une belle teinte blonde surtout dans les lumières de fin de journée.

La lumière, au cœur de la conception

Parmi les caractéristiques architecturales de Notre-Dame-de-Paradis, on remarqua aussitôt que l’on a pénétré en ses murs le vaste vaisseau formé par la nef obscure et les bas-côtés percés de larges baies pour faire entrer la lumière. Cette nef assez sombre permet de mettre en valeur la partie la plus importante d’un édifice religieux : le chœur. Ce chœur polygonal reçoit des flots de lumière par les cinq verrières qui s’ouvrent dans ses parois. Ces vitraux sont si vastes que les murs qui les encadrent semblent, dans la lumière, quasi inexistants. Aujourd’hui masquée par l’orgue, une verrière s’ouvre au-dessus des portes ouest ; manière d’ajouter de la lumière au bas de la nef. Cette disposition est héritée directement de la cathédrale de Vannes qui l’utilise vers 1490. Cette importance accordée à la lumière est une des caractéristiques de l’architecture gothique.

Le style architectural de cette chapelle bientôt devenue église a étendu sa renommée tout au long de la Vallée du Blavet influençant la construction de clochers comme ceux de Locmaria en Merlrand (1530), Saint-Yves en Bubry (1550) et jusqu’à Saint-Nicodème en Pluméliau.

Après la ruine de Saint-Gilles-Trémoëc, sanctuaire originel, qui se situait auprès de la Ville-Close mais hors de ses murs, Notre-Dame-de-Paradis devient vers 1570-1590, l’église paroissiale de la cité d’Hennebont. Peu à peu un nouveau quartier va apparaître sous son ombre comme en témoigne les bâtiments encore visibles sur la place.

Si la présence d’une église est attestée au XIIIe siècle à Saint-Caradec, l’édifice actuel, accolé de son cimetière, date du XVIIe siècle. Il a été agrandi d’un chœur et d’un transept à la fin du XIXe siècle lui donnant sa physionomie actuelle.


L’église de Saint-Gilles est située au cœur du village du même nom. Elle conserve autour d’elle l’emplacement du cimetière – qui sert trop souvent de parking. Son histoire est fortement liée à celle de l’abbaye Notre-Dame-de-Joye notamment à partir du XVe siècle. Si elle semble composite au premier regard, elle possède une nef de style roman comme l’atteste les petites fenêtres et l’emplacement d’arcades qui ouvraient sur deux bas-côtés (au Nord – cf. photo. – et au Sud). Elle conserve également un ensemble de piliers également d’époque romane à l’entrée de la croisée. Ceux-ci possèdent des chapiteaux décorés. Le chœur a dû être rallongé au XVIIIe siècle.

La charpente, objet d’une étude à l’automne 2017 par un archéologue-dendrochronologue, pourrait dater de la fin du Moyen Âge et appartenir au type de charpente dite armoricaine. Période à laquelle ont ouvre de vastes fenêtres en verre blanc au Sud.

A la fin du XIXe siècle, une importante campagne de restauration s’engage : on reconstruit le bras nord du transept. En 1926, clocher et couverture sont repris. En 1961, sous la direction de l’architecte Millot, une longue campagne de restauration est entreprise : confection d’enduits intérieurs et extérieurs, reprise des fermes de charpente, …
Cet édifice si il a beaucoup été restauré a conservé de nombreux éléments d’époque romane (XIe-XIIe s.). Ceux-ci font de lui un témoignage important de l’architecture de cette période.

Dédiée à saint Antoine L’Ermite, cette chapelle faisait partie d’un ensemble plus vaste installé auprès d’une antique voie de passage.

Nantie d’un hôpital, d’un cimetière, il s’agit peut-être d’une maladrerie. Saint Antoine était réputé pour protéger de la maladie de l’ergot de seigle connu sous le nom de «mal des Ardents».

Ruinée dans les années 50, la chapelle est reconstruite 20 ans après par les soins de l’association des Amis de Saint-Antoine. Elle conserve cependant des éléments architecturaux d’époque romane (XIIe s.) et du XVIIe siècle. C’est de ce dernier siècle que datent les deux statues qui y sont conservées : Antoine l’ermite, le saint patron, et sainte Marguerite, patronne des femmes en couche.

Un calvaire occupe le placître et une fontaine sacrée existe encore non loin de là.

 

Pour écouter la balade racontée sur Saint-Antoine

La Maison des confesseurs, petit pavillon du XVIIe siècle, est l’un des deux édifices subsistant de la  puissante abbaye Notre-Dame-de-Joye. Construit vers 1669, il abritait les prêtres chargés d’assurer prières et offices dans cette abbaye de femmes.

L’utilisation de tuffeau – calcaire de Loire ou de Charente – veut afficher la puissance et la richesse de l’abbaye.

Restaurée par la Ville en 2009, elle accueille aujourd’hui des artistes en résidence sur la ville.

Cette chapelle du XVIIIe siècle, dédiée à NotreDame-des-Sept-Douleurs, se situe à Langroix. Au Moyen Âge, elle dépendait du prieuré Sainte-Croix de Lochrist puis de l’abbaye Notre-Dame-de-Joye.

Ce vaste bâtiment, au bord du Blavet, rive droite, est l’ancien couvent des Ursulines bâti au milieu du XVIIe s. Les Ursulines sont un ordre religieux dédié à l’éducation des jeunes filles. La communauté de Ville fait appel aux Ursulines de Ploërmel vers 1641. Celles-ci installent un couvent et une école vers 1647. Elles s’installent à l’emplacement du prieuré Notre-Dame-de-Kerguelen fondé vers 1200 par Henri d’Hennebont et mis sous l’autorité des moines de la puissante abbaye Saint-Melaine de Rennes. Ils accordent cette installation contre 30 livres de rente en 1666. Il semblerait que des vestiges du prieuré soit encore présents sur le site.

En 1792, les religieuses sont expulsées du couvent qui est acheté par un dénommé Sauvager pour 50 100 livres. C’est au cours du XIXe que l’église et une partie du bâtiment (l’aile Ouest du cloître) disparait. Sur le cadastre de 1835, ces deux parties n’apparaissent que dans les parcelles.

Les Ursulines reviennent à Hennebont en 1819 mais s’installent Ville-Close dans l’ancien couvent des Carmes donnant naissance à ce qui deviendrait l’institution Notre-Dame-du-Vœu.

En 1964, l’abbé Pinel installe, rive droite, le collège secondaire Saint-Pierre. En 1905, sous l’impulsion du clergé et le soutien de l’Union des syndicats agricoles du Morbihan, que s’y installe une école d’agriculture. A la fin du siècle, le bâtiment accueille les frères de la Communauté de Lamenais de Ploërmel.

Les deux ailes de ce bâtiment reprennent les caractéristiques des constructions conventuelles du XVIIe siècle. Le traitement des lucarnes, le soulignement des étages avec un bandeau de pierres de taille et l’enduit de façade, rappellent également nombre des hôtels particuliers de cette époque visibles à Hennebont.

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